Bien trop petit, Manu Causse, 2022

« C’est l’histoire d’un concours de quéquette. Du point de vue de celui qui perd. » Ainsi commence l’histoire de Grégoire lorsque, dans le vestiaire de la piscine, Antoine lui fait remarquer la taille ridicule de son sexe. Mais en plus d’avoir la plus petite bite du monde, Grégoire se coltine des parents psy et souffre d’épididymite, une inflammation douloureuse des testicules qui arrivent sans prévenir. Il semble que tout le destine à finir seul et puceau. Il lui reste l’écriture et ses fans-fictions dans lesquelles il met en scène ses personnages Max Egrogire et Chloé Rembrandt dont les aventures semblent particulièrement intéresser l’un de ses followers. Se tisse alors entre eux une correspondance qui pousse Grégoire sur des chemins où l’imagination va atteindre le désir et le plaisir. S’il pensait alors avoir un problème de taille, il découvre qu’il possède d’autres qualités bien plus puissantes.
Bien trop petit est un roman délicieusement joyeux dans lequel l’humour et le désir s’entrelacent autour des interrogations d’un adolescent tourmenté par des problèmes qui lui semblent insurmontables.

Citron, Mélody Gornet, 2021

            « Si tu étais une glace, qu’est-ce que tu serais ? » C’est par cette question que Lana teste ces interlocuteurs sur l’appli de rencontres. Lana traîne son ennui au lycée et jusque dans sa chambre. Les gens de son âge ne l’intéressent pas vraiment, à se satisfaire de relations sans intérêt, prévisibles. Dans la file qui la mène au self, Lana scrolle sur l’application de rencontre, envoie sa sempiternelle question, et quitte la conversation quand la réponse est trop « vanille ». Elle aurait continué ainsi à traîner son ennui si Jonathan n’avait pas lu par-dessus son épaule, s’il ne l’avait pas suivie au self, s’il n’avait pas insisté pour la connaître, lui un gars de sa classe qu’elle avait cru sans intérêt. Mais Jonathan a ce quelque chose de plus qui attire et intrigue Lana : il ne s’interdit rien dans ce qu’il a envie de vivre. Lana va entrer peu à peu dans son monde, et découvrir le goût du Magnum triple chocolat, coulis de framboise.
Mélody Gornet conduit ce roman avec une écriture sans fioritures, fluide et précise. Citron soulève les masques et ouvre le champ des possibles sur la relation amoureuse.

Le Point sublime, Manu Causse, 2020

Mina prend la route en direction des Granges, transportant avec elle les cendres de sa grand-mère, Lune, pour les répandre au Point sublime. Dans la voiture qui la conduit vers la maison de son enfance, Mina refait le film de sa vie. De la découverte des plaisirs liés au corps à l’âge de neuf ans, en passant par ses premières expériences de la sexualité à quinze ans, aux côtés de sa meilleure amie, jusqu’à ses dix-sept ans, où elle rencontre Melchior et Kas qui feront de son été un été inoubliable, Mina explore ses souvenirs et les sentiers de son désir.
Le Point sublime est un roman qui nous invite à entamer une ascension vers un sommet qui offre une vue sur un paysage d’une beauté à couper le souffle. Mina raconte ses éprouvés, ses hontes, ses incompréhensions puis son éclosion cet été-là au Granges, le dernier avant la maladie de Lune, le plus beau, l’année de ses dix-sept ans. Avec Melchior et Kas. Mina découvre la sensation d’une liberté intense, la possibilité du choix, l’attente, le partage du plaisir. Marcher à contre-courant dans le lit de la rivière. S’étendre sur les berges pour se réchauffer au soleil. Arpenter les sentiers en pente douce, s’écorcher, persévérer, regarder vers le ciel, se frotter aux falaises et en ressentir le vertige. Enfin, atteindre le Point sublime et se laisser caresser par les nuages qui s’y sont accrochés. C’est là que Mina éprouvera au plus profond de son corps son désir le plus intense, celui de devenir une femme libre.
Manu Causse transmet avec douceur et intensité les éprouvés de Mina dans la découverte d’elle-même. Il livre un roman de toute beauté, majestueux, juste, et sensible.

Par L.B

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