Dedans — Dehors : de la vidéo à l’écriture

Expérimentation entamée durant la pandémie, cette nouvelle approche par la vidéo de l’écriture littéraire fait désormais partie du travail de Lucie Braud, auteur et scénariste du collectif.
« Alors que les sorties étaient limitées et beaucoup de projets annulés, je me suis replongé autrement dans l’écriture d’un projet entamé puis mis de côté. J’ai dû reprendre le fil et replonger dans les ambiances que j’avais photographiées lors de mes marches sur le sentier côtier, sur l’île de Groix, sur les rives du Rhône, en forêt ou dans les rues de Bordeaux. Des paysages, à des instants différents de la journée. À l’aube, au crépuscule, la nuit, le jour, par temps clair, par temps gris, jours de pluie voire de tempête. Des ombres et des lumières.
C’est dehors qu’une grande partie de l’écriture commence. Elle se poursuit dedans. Dans des instants du quotidien, le matin au réveil et le soir au coucher, chambre et salle de bain. Le corps mis en scène cherche et devient celui du personnage. Puis à la table, l’écriture d’un premier jet. Je suis à nouveau dehors. Les aller-retour sont incessants. Corps dehors, esprit dedans. Corps dedans, esprit dehors.
Je fouille dans cette bibliothèque d’images, je trie, je classe, je sélectionne. Je choisis la musique que j’écoute lorsque je m’attèle à cette tâche. Un morceau en boucle, toujours le même, au casque pour ne rien perdre du grain de la voix, pour déceler les détails de sa composition. La musique influe forcément sur le choix de mes images. C’est un état d’esprit, une épaisseur. Je m’interromps quand cela est nécessaire, et je note des idées de scènes, des phrases piochées ici ou là, parfois simplement un mot. Parce qu’il vient et que je le trouve beau.
Pour reprendre le fil de ce récit interrompu, je teste une autre narration en mettant bout à bout les photos choisies. Une écriture par l’image, un déroulé sans chronologie, des fragments, des couleurs, des moments du dehors et des moments du dedans. Chez moi, l’écriture n’a pas vraiment de schéma, elle s’invente et s’organise différemment à chaque fois. Le temps n’existe plus vraiment, nuit/jour, il se déroule, c’est tout. Dehors et dedans. »

Dedans – Dehors .mp4 from un autre monde on Vimeo.

par R.G.

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Mundus : à l’origine de nos imaginaires

Laurent Queyssi, caméléon aux mille talents, spécialiste des œuvres de Dick et d’Alan Moore, critique, traducteur, auteur, scénariste… et membre du collectif Un Autre Monde, publie en cette rentrée chez 404 comics, une aventure fleurant bon avec le multivers et la pop culture. À cette occasion, il répond à trois questions éclair :

Mundus c’est quoi ?

C’est une bande dessinée que j’ai écrite, dessinée par Oriol Roig, et qui raconte l’histoire d’un trio d’adolescents qui, dans les années 90, se retrouvent embarqués dans des univers parallèles qui sont, découvrent-ils, des univers de fiction. Après être tombé dans le monde d’un roman de SF (adapté en film) qu’ils connaissent, ils se retrouvent dans celui d’un jeu de rôle situé dans un Londres alternatif de 1888. S’ensuivent des problèmes, des aventures, des questionnements et, je l’espère, chez le lecteur, la sensation de se retrouver plongé – presque au sens propre – dans des fictions.

Quels sont tes autres projets de création du moment ?

Je viens de sortir un roman noir, La Nuit était chez elle, situé dans le même cadre que mon précédent, Correspondant Local. Je travaille actuellement, avec un camarade, sur un roman pour la jeunesse qui évoque l’ambiance pulp des années 1920 et sur un roman de science-fiction dont l’idée se rapproche un peu des thématiques d’auteurs que j’affectionne comme Philip K. Dick ou J.G. Ballard.

La dernière lecture qui t’a marqué ?

C’est sans doute le Nuits appalaches de Chris Offut dont j’avais déjà grandement apprécié les précédents et notamment My father, the pornographer : a memoir qui racontait ses souvenirs d’Andrew J. Offut, son père, un forçat de l’Underwood qui écrivait à la chaîne des romans populaires dans tous les genres, dont la pornographie. Celui-ci est un roman noir à l’américaine : grande dépression, Kentucky, bourbon, loyauté et vengeance. De la bonne…

par R.G.

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